Version: 13 janvier 2020


La platine à cylindres "maison"

par Trevor Hill, 1999

Introduction: pourquoi se compliquer la vie?

Ma collection de cylindres grandissant, il devenait nécessaire de les transférer sur un autre support, à l'époque la cassette audio,pour les faire entendre à d'autres personnes. Avec l'avénement des cartes son pour PC, gros disques durs, graveurs de CD et logiciels audio performants, les copies sur cassette ont largement été dépassées. Mais quel que soit le support final, la copie des cylindres a été effectuée des façons suivantes:

  • En utilisant un phono, si possible bien réglé, et un microphone devant ou dans le pavillon. C'est bien pour jouer une seule fois le cylindre, et ça met en évidence le charme du phono, mais ça cause des dégâts à la fois à la machine (pointe et engrenages) et au cylindre lui-même. En outre la reproduction acoustique, au moyen de la plupart des diaphragmes et pavillons, induit un son "caractéristique", dû à la résonance et au mouvements mécaniques. De fait, l'acoustique de la pièce peut intervenir. Le téléphone pourrait sonner!
  • En utilisant une cellule de platine qu'on adapte sur le chariot porte diaphragme d'un phono ancien. Cette méthode offre l'avantage d'une pointe de lecture entraînée latéralement le long du cylindre, et qui ne restera pas très longtemps sur une rayure ou sur un sillon usé. Par ailleurs, on peut remplacer les pointes pour lesadapter au profil su sillon. La cellule stéréo câblée en inversion de phase permet de lire la modulation verticale caractéristique des cylindres. Le gros problème de cette méthode, c'est que toutes les imperfections du mécanisme du phonographe (pleurage, scintillement, bruit du régulateur, sautes de ressort et pertes de vitesse) se révèlent dans le résultat final.
  • en utilisant un mandrin fabriqué maison ou tiré d'un phono ancien, et un bras long portant une cellule stéréo. La solution d'un bras long (j'en ai vu de 3 pieds/un mètre de long) amoindrit l'erreur de piste. Les limites d'un phono original (cf. paragraphe précédent) sont toujours là, et la pointe est sujete à rester dans les rayures. De plus, un bras long a plus de masse, poussant la pointe à user plus le sillon.
  • En utilisant un lecteur professionnel. De tels appareils sont disponibles, le problème principal de cette méthode est bien simple: on est rebuté par le prix!!! Mais ces machines représentent le summum. N'hésitez pas à m'en acheter une! Je serais assez fou pour m'y lancer...
  • En faisant une machine vous-mêmes. C'est cher de se faire fabriquer des pièces, et la création ne vient pas par enchantement. Mais c'est mon approche favorite. En tant qu'ingénieur en électronique et informatique, j'ai eu accès à la plupart des machines outils courantes, et par ailleurs, une connaissance sympathique m'a copié un mandrin au tour. J'ai choisi d'arrenger un mécanisme de bras tangentiel pour le déplacement de la cellule et de la pointe le long du cylindre en rotation. Le signal audio brut passe par un préampli RIAA puis vers le PC pour enregistrement et traitement.

La machine

"Une image est mieux que mille mots"... alors je ne vais pas allonger la sauce, et vous montrer des images!

La platine vue de devant, le bras de lecture au repos.
 
Vue du dessus avec le bras en position de lecture, sur un cylindre Amberol bleu.

La première photo montre une vue de face. Commutateurs "on-off", "chariot gauche-droite", et "mandrin". Une LED à deux couleurs indique une bonne lecture (vert) et un mauvais suivi de piste (rouge). Lorsque une erreur de piste est détectée, le bras est déplacé peu à peu vers la gauche pour rattraper cette erreur.

Le volant en bout d'axe du mandrin porte deux séries de lignes stroboscopiques, pour 120 et 160 tours-minute. Actuellement, l'appareil ne joue qu'à 160 tours-minute... Je suis encore en train de travailler sur ce problème. Je vise un petit moteur à courant alternatif conduit par variation de fréquence. Cela éliminerait le bruit résiduel dû aux balais, bien qu'on pourrait dire qu'un tel luxe pour des cylindres, c'est donner de la crème à des cochons.

Le bras de lecture est la simplicité même: j'ai coupé en grande partie un vieux bras et récupéré la prise femelle de coquille support de cellule, pour y installer une cellule Stanton MK2. Un contrepoids modifié et un capteur optique (caché) sous la base du chariot pour l'asservissement complètent le système tangentiel.

Vue latérale montrant le support de mandrin et certains détails du chariot. Vue arrière montrant la cellule phono en position de repos, et le double engrenage à vis sans fin pour le chariot.

Le capteur optique sous le chariot ne relève les erreurs de suivi du chariot que dans une direction. Ainsi, le bras de lecture "décline" de la droite vers la gauche, le long du cylindre. Un cable flexible lie le capteur et la LED à l'électronique de contrôle à l'intérieur du boîtier support. Un câble coaxial à double isolation relie la sortie de la cellule aux connecteurs de sortie à l'arrière de l'engin. Aucune préamplification ou égalisation ne se font à l'intérieur du boîtier, c'était dû au fait que je pouvais trouver des systèmes de composants déjà faits, meilleurs que ceux que je pourrais espérer employer.

Le moteur porte une vis sans fin et anime dans sa rotation un engrenage qui entraîne un ruban tendu, qui déplace le bras et son chariot. Mais c'est déjà trop toutefois, et ça provoque parfois des dérapages... Encore une chose à perfectionner!

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